Il est l’une des plus belles races de chevaux et l’emblème de toute une région. Le cheval de Camargue, qui s’affiche fièrement sur carte postale, n’a pourtant pas toujours été à la mode. Soumis aux sautes d’humeur de l’homme, il a même failli disparaître à plusieurs reprises.
Cheval CamargueSymbole de sa région, le cheval de Camargue est reconnaissable au premier coup d’œil grâce à la couleur unique de sa robe. Si le poulain de Camargue naît avec une robe foncée, celle-ci blanchit avec l’âge pour devenir grise.
Petit par la taille, le Camargue n’est pas considéré comme un poney mais est bien frappé du label « cheval de selle ». Il se distingue par une physionomie puissante et bien proportionnée, adaptée aux marais qui constituent son habitat naturel.
Sa tête elle aussi se démarque des autres chevaux, avec ses oreilles écartées, petites et larges, son chanfrein rectiligne et ses naseaux discrets. Le Camargue attire par son regard vif et expressif. On le compare à l’envi à un cheval oriental ou à un animal préhistorique.

Le Camargue, un animal né de l’écume de la mer

Si tout le monde s’accorde à dire que le Camargue est l’une des plus anciennes races chevalines du monde, les multiples théories sur ses origines jettent un flou total sur la véritable identité de l’animal.
Ce manque de connaissances scientifiques sur l’espèce apparaît dû au fait que ce cheval est indigène des marais de Camargue, que les hommes ont longtemps boudé avant que la région ne prenne son envol touristique au siècle dernier.
La légende rapporte l’histoire d’un homme poursuivi par un taureau sur les plages des Saintes-Maries-de-la-Mer, qui n’aurait eu d’autre solution que de se réfugier dans la mer. Le cheval serait alors né de l’écume de la mer pour le sauver, déclarant : « Je ne serai jamais ton esclave, mais ton ami ».
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Camargue

Le cheval de Camargue en voie de disparition ?

Si le Camargue est aujourd’hui une espèce protégée, c’est parce qu’il a plusieurs fois failli disparaître. Jusqu’au XVIIIe siècle, la race est considérée comme inutile et reste confinée au seul territoire de la Camargue.
Après la révolution française, Napoléon Ier réquisitionne tous les chevaux de la région pour en faire des animaux de guerre. D’importantes intempéries ainsi que la destruction humaine des bois et des pâturages amèneront le Camargue au bord de l’extinction.
Au siècle suivant, l’avènement des manades permet à la race de survivre au fil des agissements souvent contradictoires des autorités. A force de croisements maladroits avec d’autres races, le Camargue manque à nouveau de disparaître dans les années 1950.
Cheval

Le Camargue et l’homme : une amitié rentable

Avec l’improbable essor touristique de la région, on croit alors l’espèce sauvée. Mais c’est sans compter sur les multiples scandales de maltraitance et de malnutrition qui, manne touristique oblige, viennent émailler l’image du superbe Camargue.
Malgré les agressions répétées de l’humain, le cheval est d’une nature très résistante. Elevé en plein air sous un climat parfois difficile, le Camargue peut se nourrir et de se reproduire seul. Il est même capable de brouter sous l’eau !
A l’état naturel, le cheval cohabite parfaitement bien avec d’autres espèces, des hérauts aux aigrettes en passant par les taureaux. Mais s’il s’entend si bien avec l’homme, c’est uniquement parce que ce dernier capture les poulains peu après leur naissance pour les apprivoiser et les relâcher ensuite en semi-liberté.

Le Camargue au cœur des scandales…

Depuis les années 1970 et l’important développement du tourisme, le Camargue se retrouve régulièrement au centre des polémiques qui opposent manadiers et associations de protection des animaux.
Dans les années 90, un élevage entier périt dans une manade, pris au piège par la montée des eaux. En 1998, le grand public découvre un autre troupeau de chevaux abandonnés sur un terrain trop petit pour se nourrir. Certains animaux sont morts et en état de décomposition. En 2010, un groupe de 40 chevaux échappent de justesse à la boucherie grâce à l’organisation d’une mise aux enchères. En 2012, un autre éleveur des Saintes-Maries-de-la-Mer, sans doute au bord de la faillite, laisse lui aussi mourir de faim ses animaux dans leur enclos.
Aujourd’hui, les conditions d’exploitation du Camargue se sont nettement améliorées, mais on peut encore croiser, dans certaines manades à touristes, des chevaux sellés, sanglés et bridés à longueur de journée.